Probable titulaire samedi à Tbilissi aux côtés de Thierry Henry, Louis Saha a une carte majeure pour récupérer la place laissée vacante par Zidane dans le onze de départ, dans un système de jeu en 4-4-2 à deux pointes.
Seulement 13 sélections en deux ans et demi :
Ce n'est pas parce que Zidane est irremplaçable que l'équipe de France va jouer ses prochains matches à dix. Privé de meneur de jeu axial, Raymond Domenech est naturellement revenu à un système en 4-4-2 à deux pointes dont le premier bénéficiaire est actuellement Louis Saha. Titulaire en Bosnie (2-1), l'attaquant de Manchester United semble devoir être encore une fois l'élu, samedi à Tbilissi, pour épauler Thierry Henry. Les pépins de David Trezeguet, autant que sa forme et son registre, le désignent naturellement. «Je n'ai eu que sept jours de préparation mais je suis satisfait du début de saison, même sur le plan individuel, dit le joueur de Manchester United, qui a pris neuf points en trois journées de Premiership, avec deux buts de Saha. Il est possible que je paie ce manque de préparation plus tard. On verra. Je me concentre sur ma récupération. J'ai souvent été blessé, alors j'en profite. Chaque entraînement me procure du plaisir.»
Quelque part, Saha est un revenant, auquel les circonstances n'ont pas permis de quitter l'habit de l'espoir qu'il était en février 2004, quand il marqua en Belgique pour sa première sélection, sur une passe de Zidane (2-0). Depuis, sa carrière internationale se lit en pointillés : 13 apparitions, dont aucune en 2005 par exemple. Il a bien reçu huit titularisations, mais seulement deux en matches de compétition. Deux blessures au genou avec fracture d'un ménisque, un pépin à la cheville, un mollet qui fait mal : Saha a vécu un «cauchemar» de dix-huit mois jusqu'à son retour progressif, puis fracassant, avec Manchester, fin 2005. Si Alex Ferguson a laissé partir Van Nistelrooy au Real Madrid, c'est parce qu'il considère que Saha assumera la succession. Dans son malheur, Saha a pu enregistrer les signes d'une authentique confiance de la part de ses sélectionneurs. Ni Jacques Santini ni Raymond Domenech ne se sont privés de lui pour l'Euro 2004 puis la Coupe du monde 2006. Il est entré en jeu cinq fois sur les deux tournois. Finisseur autant que provocateur, à l'aise des deux pieds, Saha est exactement le genre de soutien qu'apprécie Henry, avec qui il avait débuté la campagne qualificative pour l'Allemagne contre Israël (0-0) puis aux Féroé (2-0, pour six minutes). Il avait aussi réalisé une déviation décisive vers le Gunner contre le Danemark (2-0) juste avant le départ en Allemagne.
Effacer la Coupe du monde :
«Ma façon de voir les choses, c'est que je ne suis jamais titulaire, balaie aujourd'hui Saha lorsqu'il lui est suggéré que son statut international pourrait vite changer. Je crois à mon association avec Henry, un super joueur, auquel il est facile de s'adapter. Mais c'est valable aussi bien pour moi que Wiltord, Govou ou Trezeguet.» Gamin introverti transformé en professionnel indiscutable, Saha sait aussi qu'il doit apporter plus pour soutenir sa candidature. Son discours serait peut-être plus incisif aujourd'hui s'il avait marqué en Bosnie, comme il en eut deux fois l'occasion. «J'ai eu une activité satisfaisante physiquement mais de la malchance à la finition». Il est peut-être aussi, de tous les Français, celui qui a le plus raté sa Coupe du monde, avec deux avertissements reçus en 29 minutes de jeu et une suspension pour la finale. «Ce fut difficile à vivre. Je ne me retrouve pas quand je vois ces actions-là. Elles regroupaient toute la frustration que j'avais sur le banc, avec l'envie de montrer plein de choses. Wiltord m'a dit qu'il avait senti à mon échauffement que j'étais un peu chaud.» Cette détermination ne s'est pas évaporée dans les chaleurs de l'été.
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